Téléphérique du Salève de Maurice Braillard dans l'Agglomération Franco-Genevoise

Réhabilitation des gares haute et basse du Téléphérique du Salève, Haute-Savoie, France
Concours lauréat, Mai 2018

+ article France Bleu, 30 mai 2018
+ article Léman Bleu, 30 mai 2018
article Le Temps, 31 mai 2018
article Tribune de Genève, 30 mai 2018
article Journal de Veyrier, Novembre 2018

Le Téléphérique du Salève représente l’une des œuvres les plus remarquables de l’architecte suisse Maurice Braillard (1879-1965). Pour autant, cet édifice, construit en 1932, est resté inachevé après interruption des travaux de la gare haute laissant la construction la plus significative en éperon sur le vide. Le projet de réhabilitation consiste en l’aménagement d’un restaurant panoramique, la création d’une extension pour accueillir une salle de séminaire et d’une tour escalier pour desservir les différents niveaux, la modification de la plateforme d’arrivée des cabines et la création de terrasses accessibles au public, la restauration des façades d’origine en béton brut et le réaménagement des espaces extérieurs.

L’ambition de ce projet de réhabilitation est de réaffirmer le rôle joué par le Téléphérique dans un accès vertueux au mont Salève et, au-delà, de participer d’un retour à la montagne comme destination de loisirs, de projection dans le grand paysage alpin et lémanique et d’immersion dans la nature. À ce titre, ce projet tend à mettre le projet de Braillard en phase avec notre temps, c’est-à-dire à adapter le site existant aux usages retrouvés ou renouvelés de la montagne (randonnée, varappe et parapente) tout en offrant des outils de compréhension et d’attention à la faune, à la flore et au patrimoine en présence (exposition, esplanade et terrasse panoramique).

La réhabilitation du Téléphérique du Salève, en tant que réactivation d’une infrastructure qui permet d’accéder proprement à la montagne, constitue une réponse possible aux préoccupations contemporaines d’accès à la nature tout en veillant à réduire l’impact que cela peut avoir sur elle. En ce sens, le Téléphérique constitue une alternative à la voiture comme mode d’ascension jusqu’à un environnement qui s’en trouve ainsi préservé. 3e destination touristique de Genève, ce projet transfrontalier réunit Suisses et Français autour de la valorisation, non seulement de l’architecture de Braillard mais, plus largement, de tout un environnement.

La plateforme d’arrivée des cabines, la terrasse haute et la salle panoramique prévue pour le restaurant ont été construites mais pas l’hôtel ni l’accès à la salle de restaurant, demeurée jusqu’ici inaccessible. L’image renvoyée par le Téléphérique du Salève est celle, plus spécifiquement, de la gare haute dont la salle panoramique et les deux piles forment une nef perchée sur un immense pont et font toute la force de l’architecture. Cette image en constitue le symbole, reproduit dans les affiches anciennes et sur les visuels actuels.

Le volume, la structure et les ouvertures sur le paysage de la salle panoramique sont dans l’état dans lequel Braillard les avait laissés en 1932. Toutefois, leur potentiel n’a jamais été exploité dans aucun des trois projets successifs destinés à l’accueil du public. L’idée singulière de ce projet de réhabilitation mené par l’agence DDA est de placer le restaurant dans la salle panoramique afin qu’elle constitue à nouveau ce point phare du projet de Braillard parmi les espaces d’accueil du public. La mise en situation spectaculaire de la salle de restaurant laisse présager un espace de contemplation d’exception. Au-delà de l’hommage rendu au projet de Braillard, bien que laissé inachevé par celui-ci, il s’agit surtout là d’une réflexion portée sur l’augmentation des usages en présence et la capacité du bâtiment existant à les accueillir.

L’aménagement autour du Téléphérique cherche à la fois la mise en valeur du bâtiment-pont et l’ouverture sur le paysage, tout en intégrant de nombreuses activités. Différentes terrasses jalonnent ainsi le site, en écho à sa topographie, et accueillent respectivement une piste dédiée au parapente, une aire de jeux, l’esplanade du Léman réouverte sur le paysage, la terrasse du café moderne qui est aussi le parvis du musée et la terrasse A. Rebuffel (du nom de l’ingénieur associé à M. Braillard), de plain-pied avec la montagne d’où se fait le départ en randonnée. Au sommet, la terrasse 360° constitue un véritable belvédère sur la vallée lémanique au Nord et sur le massif des Voirons et la chaîne des Alpes au Sud-Est. Plus qu’une destination, il s’agit d’une invitation à poursuivre l’ascension.

La gare basse de Braillard a été totalement détruite à l’occasion de la restructuration des équipements techniques du Téléphérique en 1984. Elle consistait en un équipement urbain et homogène vis-à-vis de la gare haute, bien que moins spectaculaire. Sa requalification vise l’amélioration des conditions de travail des salariés du Téléphérique et d’accueil du public à l’échelle urbaine à travers notamment la création d’un auvent et l’aménagement d’espaces paysagers.

Ce chantier bénéficie du regard attentif porté par Pierre Vallet, artiste photographe, chargé d’un reportage photographique dont sont extraites toutes les images de chantier ci-contre. Une mini-série, « Nouvelle ère », retrace aussi en quelques épisodes l’histoire de cet édifice jusqu’à sa réhabilitation en cours.