Jardin Serre de la Madone à Menton

Serre de la Madone     Serre de la Madone

Le jardin Serre de la Madone, classé Monument Historique depuis 1990, constitue un témoignage majeur d’architecture paysagère de la Côte d’Azur. Propriété du Conservatoire du Littoral depuis 1999, le site doit aujourd’hui enraciner son identité et faire face aux enjeux environnementaux. Nous accompagnons depuis 2017 l’association gestionnaire du jardin, notamment via l’établissement d’un plan de gestion d’une dizaine d’années.

Chiffres clés

  • Surface: 7 HA
  • Coût : 1,6 M€ HT (dont 81 K€ HT Plan de Gestion)
  • Durée des travaux: 2022-2025
  • Mission : DIAG + De base
  • Maîtrise d’Oeuvre :
    • ALEP, paysagistes
    • Francis Maire, arboriste
    • Eau et Perspectives, hydrogéologue
    • AIS, ingénieur structure
    • Géotechnicien : AEGIS
  • Maître d’ouvrage : Association pour la Sauvegarde des Jardins d’Exception du M’entonnais (ASJEM)

Un jardin d’exception aux racines agricoles

Le jardin Serre de la Madone s’étend sur un large domaine vallonné de 7 hectares. Ancien domaine agricole provençal, il accueillait à l’époque des plantations d’oliviers et d’agrumes sur un ensemble de restanques. Ces restanques sont identitaires de la région et consistent en des terrasses soutenues par un mur en pierre sèche permettant la mise en culture de terrains plus ou moins escarpés.

Au centre du domaine se trouve le jardin d’exception de la Serre, classé Monument Historique depuis 1990. C’est à Lawrence Johnston, paysagiste autodidacte, que l’on doit la conception de cette entité paysagère exceptionnelle. Dès 1924, il aménage le jardin suivant un concept de « chambres vertes » composant ainsi des ensembles thématiques distincts. Dans ces jardins successifs les collections végétales sont mises en scène de différentes manières, chaque composition renvoyant à une famille botanique, une origine géographique ou un art des jardins spécifique.

Après plusieurs changements de propriétaire, le site doit aujourd’hui enraciner son identité et développer une gestion responsable des ressources naturelles nécessaires à son fonctionnement. Ainsi nous accompagnons l’ASJEM (Association de Soutien aux Jardins d’Exception du Mentonnais), dans l’établissement d’un plan de gestion visant à planifier sur cinq à dix ans les actions à mener sur le jardin.

 

Un site fragilisé au potentiel inexploité

En près d’un siècle d’existence, le jardin a gardé sa structure et sa composition générale tout en évoluant au fil du temps et des saisons. De fait, ses collections ont évoluées, embarquant avec elles son identité. Aujourd’hui ouvert au public, le jardin et son domaine offre un mariage singulier de collections végétales et ouvrages architecturaux. Néanmoins le domaine manque d’une vision touristique et d’intentions pédagogiques afin de valoriser les différentes essences végétales propres aux jardins botaniques.

Face aux enjeux climatiques et écologiques contemporains ainsi qu’un manque d’entretien ayant fragilisé l’ensemble du site, la gestion de l’eau constitue un autre sujet d’importance. Ressource essentielle du jardin, elle peut menacer son intégrité lorsqu’elle vient à manquer ou qu’elle est présente en trop grande quantité. Requestionner le rapport à l’eau du jardin est donc essentiel pour envisager sereinement l’avenir.

Pour remédier à cette absence de vision précise concernant l’identité du jardin, sa gestion et son fonctionnement, plusieurs objectifs ont été établis, répartis en trois volets :

  • Le volet « paysager » se concentre sur l’établissement d’une ligne claire concernant les renouvellement et introductions de végétaux, le cadrage de l’évolution de certains arbres et plantes et la révision de l’ensemble du réseau d’arrosage.
  • Le volet « architectural » s’attache quant à lui à poursuivre la restauration des restanques, fontaines et bassins déjà entamée, à analyser le système historique de gestion de l’eau afin de proposer sa remise en service en vue d’un fonctionnement autarcique, à adapter les allées aux besoins des usagers et gestionnaires du jardin et à analyser le bâti existant en vue de son utilisation future, selon la programmation envisagée.
  • Enfin, le volet « accueil et pédagogie » vise à faire vivre le site en y développant diverses activités pédagogiques, animations et évènements, à établir un diagnostic touristique avec une redéfinition de la vocation des espaces et à concevoir une signalétique pour mieux orienter les visiteurs et leur raconter l’histoire de ce jardin hors du commun.

 

Une démarche ambitieuse de sécurisation et de mise en valeur

L’élaboration du plan de gestion nous a permis d’acquérir une vision d’ensemble du jardin et d’identifier avec précisions les différents points à traiter. Sur la base de ces conclusions, des travaux d’urgence ont immédiatement été entrepris afin de parer au plus pressé en apportant une réponse adaptée aux sujets les plus sensibles. Cette première campagne de travaux comprend les opérations suivantes :

  • La reprise des restanques des terrasses supérieures ;
  • La sécurisation du parcours de visite par l’installation de garde-corps ;
  • La mise en sécurité du réservoir Maldini ;
  • L’installation de clôtures anti-sangliers le long des limites du domaine ;
  • La reprise du réseau électrique et du système d’éclairage du jardin.

La reprise des restanques des terrasses supérieures constitue un défi particulièrement important pour lequel des moyens exceptionnels ont été déployés. Fortement dégradés, voir totalement détruits par les sangliers qui pénètrent régulièrement sur le site, les murs en pierre sèche qui délimitaient les terrasses ne jouent plus leur rôle de soutènement. N’étant plus retenues par ces ouvrages, les terres sont devenues instables et le terrain subit par conséquent un phénomène d’érosion accéléré sous l’effet des pluies qui provoquent des glissements de terrains et d’importantes coulées de boue qui impactent le jardin en contrebas.

Après mûre réflexion, il a été décidé de recourir à un système de murs à caissons en bois de châtaignier issu de forêts locales pour sécuriser le site et reconstituer les terrasses disparues. Ce dispositif, habituellement utilisé pour conforter les terrains les plus raides ou encore les berges de rivières, présente de nombreux avantages. Peu onéreux, sa mise en œuvre est relativement simple et rapide, il jouit en outre d’une grande pérennité et nécessite peu d’entretien sur le long terme.

La topographie en terrasses est ainsi restituée à l’aide d’un matériau naturel et facilement accessible dont le poids, bien moindre que celui de la pierre, facilite l’acheminement jusqu’au chantier et diminue de fait l’impact environnemental des travaux.

À cette première étape succèderont deux autres phases de travaux visant à compléter la restauration et la mise en valeur des différents ouvrages du jardin.