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Grandeur Nature

Concernant les paysages « montagne(s)-eau(x), il y a ceux qu’on traverse ; ceux qu’on contemple de loin ; ceux dans lesquels on se promène ; ceux qu’on habite. Il y a autant de différence entre traverser et se promener qu’entre regarder de loin et habiter. Les paysages dans lesquels on se plaît à se promener ou à habiter sont devenus un milieu, de l’ambiant, prégnant, on y est dans son élément. (…) ce qui fait paysage ne se réduit pas au perceptif, mais se promeut en lieu d’échanges le rendant intensif ».* Cette approche sensible trouve une résonance dans le projet de réhabilitation du Salève, qui s’articule autour de la mise en valeur d’un paysage exceptionnel. Fonctionnant par soustraction, il libère les vues et prolonge l’intérieur vers l’extérieur, en supprimant les obstacles pour créer des perspectives ouvertes ou plus intimes : vues lointaines sur le lac Léman, vues plongeantes dans la cime des arbres, ou encore vues vers la chaîne des Alpes.

Le projet de la maison D à Vic-le-Comte s’inscrit dans une logique similaire : situé entre un mur structurant et le grand paysage, il organise un rapport direct aux horizons des Puys d’Auvergne. Depuis le jardin intime, aménagé entre le mur et la maison, les vues se dégagent vers ces vastes horizons ; l’horizon s’ouvre et les prés prolongent le jardin, simple terre enherbée. La maison s’articule ainsi entre deux univers : un écrin intime offrant fraîcheur en été et une ouverture sur le grand paysage. Le dedans et le dehors s’y prolongent en un seul continuum. Cette manière d’habiter rejoint les réflexions de Sébastien Marot : « devenir indigènes dans le monde moderne, c’est-à-dire de devenir indigènes aux lieux que nous habitons, dans une communauté cohérente qui soit à son tour ancrée, enchâssée dans les réalités écologiques de son paysage environnant. »**


Notre approche se veut globale et systémique, articulant bâti, espaces libres, flux et usages. L’enjeu est de donner aux espaces extérieurs une cohérence, une épaisseur d’usages et un rôle bioclimatique structurant. Préserver et qualifier ces espaces ne relève donc pas seulement du paysage : c’est une condition d’habitabilité durable, de résilience climatique et de sociabilité renouvelée. Nous considérons les paysages extérieurs comme une ressource rare et précieuse. Ils offrent des îlots de fraîcheur indispensables à l’heure du réchauffement climatique et constituent un patrimoine paysager à part entière, appelant une attention et une valorisation renouvelées.

C’est pourquoi nous portons un soin particulier à cet héritage paysager — plantations, sols perméables et fertiles — qui forme un patrimoine végétal d’une grande richesse. La programmation des usages et l’architecture doivent s’ajuster à l’échelle du site pour limiter l’extension du bâti et préserver les milieux existants. Les espaces extérieurs communs deviennent alors un levier essentiel : lieux de rencontre et de lien social, ils permettent une adaptation saisonnière des usages — ouverts l’été, abris l’hiver — et favorisent de nouvelles formes de convivialité. Cette approche se manifeste notamment dans la réhabilitation de la chaufferie des Tarterêts pour le dialogue compétitif du Quartier de Demain. Même si la concertation portait d’abord sur un édifice, notre réflexion s’est étendue à son insertion dans l’espace public et paysager : le quartier formant un continuum où intérieur et extérieur se complètent, intervenir positivement sur le territoire implique de les traiter conjointement.

* François Julien, Vivre de paysage, entre les montagnes et les eaux, Paris, Gallimard, 2022
** Sébastien Marot, Prendre la clé des champs, Marseille, Ed. Wildproject, 2024

Concernant les paysages « montagne(s)-eau(x), il y a ceux qu’on traverse ; ceux qu’on contemple de loin ; ceux dans lesquels on se promène ; ceux qu’on habite. Il y a autant de différence entre traverser et se promener qu’entre regarder de loin et habiter. Les paysages dans lesquels on se plaît à se promener ou à habiter sont devenus un milieu, de l’ambiant, prégnant, on y est dans son élément. (…) ce qui fait paysage ne se réduit pas au perceptif, mais se promeut en lieu d’échanges le rendant intensif ».* Cette approche sensible trouve une résonance dans le projet de réhabilitation du Salève, qui s’articule autour de la mise en valeur d’un paysage exceptionnel. Fonctionnant par soustraction, il libère les vues et prolonge l’intérieur vers l’extérieur, en supprimant les obstacles pour créer des perspectives ouvertes ou plus intimes : vues lointaines sur le lac Léman, vues plongeantes dans la cime des arbres, ou encore vues vers la chaîne des Alpes.

Le projet de la maison D à Vic-le-Comte s’inscrit dans une logique similaire : situé entre un mur structurant et le grand paysage, il organise un rapport direct aux horizons des Puys d’Auvergne. Depuis le jardin intime, aménagé entre le mur et la maison, les vues se dégagent vers ces vastes horizons ; l’horizon s’ouvre et les prés prolongent le jardin, simple terre enherbée. La maison s’articule ainsi entre deux univers : un écrin intime offrant fraîcheur en été et une ouverture sur le grand paysage. Le dedans et le dehors s’y prolongent en un seul continuum. Cette manière d’habiter rejoint les réflexions de Sébastien Marot : « devenir indigènes dans le monde moderne, c’est-à-dire de devenir indigènes aux lieux que nous habitons, dans une communauté cohérente qui soit à son tour ancrée, enchâssée dans les réalités écologiques de son paysage environnant. »**


Notre approche se veut globale et systémique, articulant bâti, espaces libres, flux et usages. L’enjeu est de donner aux espaces extérieurs une cohérence, une épaisseur d’usages et un rôle bioclimatique structurant. Préserver et qualifier ces espaces ne relève donc pas seulement du paysage : c’est une condition d’habitabilité durable, de résilience climatique et de sociabilité renouvelée. Nous considérons les paysages extérieurs comme une ressource rare et précieuse. Ils offrent des îlots de fraîcheur indispensables à l’heure du réchauffement climatique et constituent un patrimoine paysager à part entière, appelant une attention et une valorisation renouvelées.

C’est pourquoi nous portons un soin particulier à cet héritage paysager — plantations, sols perméables et fertiles — qui forme un patrimoine végétal d’une grande richesse. La programmation des usages et l’architecture doivent s’ajuster à l’échelle du site pour limiter l’extension du bâti et préserver les milieux existants. Les espaces extérieurs communs deviennent alors un levier essentiel : lieux de rencontre et de lien social, ils permettent une adaptation saisonnière des usages — ouverts l’été, abris l’hiver — et favorisent de nouvelles formes de convivialité. Cette approche se manifeste notamment dans la réhabilitation de la chaufferie des Tarterêts pour le dialogue compétitif du Quartier de Demain. Même si la concertation portait d’abord sur un édifice, notre réflexion s’est étendue à son insertion dans l’espace public et paysager : le quartier formant un continuum où intérieur et extérieur se complètent, intervenir positivement sur le territoire implique de les traiter conjointement.

* François Julien, Vivre de paysage, entre les montagnes et les eaux, Paris, Gallimard, 2022
** Sébastien Marot, Prendre la clé des champs, Marseille, Ed. Wildproject, 2024

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